Au secours j’ai un pré-ado à la maison, sortez-moi de là !

Quelque part dans Manhattan, le jeune Davis rentre de l’école, accueilli par sa mère :

 

– Hello, mon chéri, ça va, ça a été ta journée ?

Il balance son cartable avec rage, retire son manteau, et marmonne un vague :

– Mouais ça va…

Le voilà qui fait valdinguer ses baskets l’une après l’autre, pour les faire atterrir en plein milieu du salon.

Comme n’importe quelle maman de la terre qui s’est tapée plus de deux heures de ménage (les jours de chance!), je lui demande gentiment de ramasser ses petites affaires, et de les mettre directement dans sa chambre.

Et un clin d’œil, mon garçon de presque 11 ans, se met à péter un câble.

Non pas qu’il change d’humeur comme de chemise, vu qu’il met trois plombes à en enfiler une, mais il se met à me hurler dessus à faire trembler les murs de tout l’appart :

– QUOI ? TU VEUX QUE MOI, JE RAMASSE MES CHAUSSURES ? MAIS ENFIN, TU VOIS PAS QUE JE SUIS PAS BIEN ? J’AI PASSÉ UNE JOURNÉE HYPER DIFFICILE À L’ÉCOLE !

– Mais pourquoi tu t’énerves comme ça, mon petit cœur ? Je t’ai juste demandé de ramasser ton sac, et tes…

– LAISSE-MOI TRANQUILLE, OK ? C’EST DUR LA VIE, D’ACCORD ? J’EN AI RAS LE BOL ! t il part en claquant la porte de sa chambre.

 

Je suis encore sous le choc de la scène surréaliste que je viens de vivre.

Je me dirige pour aller voir ce qu’il a, et accessoirement lui régler son compte ! Sauf que…mon petit bonhomme revient deux secondes plus tard, totalement calme, s’excuse de son comportement

inadmissible (c’est bien, au moins il le reconnait), et s’effondre en larmes dans mes bras, en implorant mon pardon… pour que le lendemain, exactement le même scénario se répète encore et encore !

 

Ce qui n’est pas si grave ! Je vous entends même d’ici, pensez :

« Oh, la mère Davis, n’en fais pas tout un fromage, ça va lui passer ! »

C’est certain, mais attendez que je vous raconte cette autre séquence …

En pleine matinée, la nurse de l’école m’appelle, et me demande de venir chercher mon poulain immédiatement, parce qu’il s’est gravement blessé !

Mon cœur fait un bond, je cours au galop telle une jument pour porter secours à mon grand sportif qui s’est fait mal au foot (on est des grands sportifs dans la famille, chaque fois qu’on touche un ballon, on est fichu pour trois semaines !). Affolée, je trouve l’ainé de mes enfants affalé devant l’infirmerie, tout sourire, qui ne m’a pas l’air si mal que ça.

Tiens, l’américain aurait-il du sang tunisien qui coule dans ses veines ?

Parce qu’à mon sens, ils ont un très net penchant pour l’extrapolation et l’exagération avec leurs « Oh my God » à tout va !

Je vérifie que son pied n’est pas cassé, comme ma mère me l’a appris (on a tous un fort potentiel pour être médecin dans la famille, mais que le potentiel… mis à part ma mère, en fait ). Après deux trois vérifications, tout est en place grâce à D. et on rentre.

Une fois à la maison, pour le fun, je m’amuse à lui faire un super bandage-placebo. Une heure après, je suis étonnée de recevoir un appel du professeur principal de mon fils. Je réponds, et je l’entends d’une voix angoissée me dire qu’il a appris par le whatsapp des copains de la classe que mon petit poussin s’était cassé la jambe. Oui, parce qu’à 11 ans, c’est normal d’être sur whatsapp, et d’avoir un Iphone 6, 6+, 6S+, 8SS20…

– La jambe, vous dites ?

Je jette un regard à notre grand blessé du jour, qui traverse le couloir sans aucun boitement à l’horizon.

– Oui, il a envoyé la photo. Impressionnant, ce bandage ! Vous inquiétez pas,

Madame Davis, on va s’organiser pour les devoirs. Peut-on avoir votre sweet

candy au téléphone, pour lui souhaiter un bon rétablissement ?

– Sweet candy, sweet candy… qui raconte des bobards, oui. Monsieur Darwish, rassurez-vous, c’est juste une petite foulure, mais je vous le passe !

– Alors candy, comment vas-tu ?

 

Le problème, c’est que depuis cet épisode, à chaque fois que je croise une maman, elle prend des nouvelles de la patte de mon petit oisillon. Au début, je prenais le temps de rétablir la vérité, que je trouvais marrante, mais au bout de la quatrième fois, ça m’a bien soulée. Du coup, je prends mon air inquiet, et je dis que ça va s’arranger… (Mythomanes reconnus de mère en fils depuis 2006).

 

Sinon, depuis quelque temps, il fait aussi un truc trop bizarre. Chaque fois qu’il marche dans la rue avec ses sœurs, il évalue la distance entre lui et moi, et frappe au hasard l’une de ses sœurs.

Furieuse, je le regarde et lui demande :

– Pourquoi tu l’as frappée ?

– Je sais pas.

– Sérieux, explique-toi, je veux comprendre, elle marchait tranquillement

à côté de toi !

– Je t’ai dit je sais pas. C’est peut-être sa robe ou juste qu’elle m’énerve à marcher à côté de moi.

– Mais enfin t’es pas net…

etc.

 

Ou encore quand j’invite des gens à la maison, si par malheur je décide de raconter une histoire, le voilà qui débarque dans ma conversation tel un boulet de canon, contredit (chmetta) ma version devant tout le monde.

– Maman, c’est pas tout à fait comme ça, que ca s’est passé. J’ai d’abord envoyé à mes copains une photo de ma jambe, et après le prof a compris que…

Ma parole, mais qu’a fait la mère pendant toutes ses années ? Ah mince, c’est moi !

En général, j’ai qu’une envie, c’est de lui donner une bonne claque, mais comme depuis 1981 (année de ma naissance), je suis contre toutes formes de violence, je grince des dents, et me dis que je règlerai ça plus tard, quand tout le monde sera parti.

 

Mais le pire, c’est quand nous sommes à un block de l’école, et qu’il se met avec prudence à regarder à droite à gauche, bien qu’il n’y ait aucune rue à traverser. Il m’arrête, et me dit toujours cette même phrase :

– Tu comprends maman, c’est honteux que ma mère m’embrasse à mon âge !

– Et porter ton sac à dos, qui me donne l’air d’un ado de 15 ans, c’est pas honteux ?

– Ah non ! C’est normal, tu prends soin de moi, passe-le moi. Bonne journée !

Et je le vois courir retrouver son groupe de copains au format américain alors que le mien est toujours aux normes européennes.

 

Mais le coup de grâce, c’est le dimanche, quand il vient me demander avec sa petite voix s’il peut dormir chez un pote, parce que la mère est trop cool :

– Comment ça, sa mère est trop cool ?

– T’inquiète pas, toi aussi t’es cool, (Notez qu’il a mis le trop devant le cool pour elle, et moi, je n’ai eu le droit qu’à un simple cool !).

Toi, tu fais bien les crêpes des fois (des fois ?), mais la mère de Max fait des Mac and Cheese trop bonnes.

Alors voilà, on y est ! Les fameux Mac and cheese ! Sachez mes amis que dans ma vie, j’ai accepté beaucoup de choses, mais je ne ferai JAMAIS des Mac and Cheese ! JAMAIS ! Ce plat est la limite que je me refuse de dépasser, mon influence américaine s’arrête là. Si un jour, je franchis le cap des Mac and Cheese, je serai une Junes Davis perdue à vie dans le tourbillon immonde qu’est la bouffe américaine ! Ce sera quoi après les MAC ? Les cro-nuts, les donuts, le peanut butter, les cupcakes, les sticks de mozzarella… la débandade, oui ! La porte ouverte à tous ces horribles mets pas gourmets que les amerloques ingurgitent à longueur d’année : Et voilà que ce petit traitre veut aller manger chez une autre, c’est trop !

De toute façon, mon père m’avait prévenue avec cette phrase qu’il ne cessait de me répéter quand j’étais ado :

– Tu verras, tout ce que tu me fais, tes enfants vont te faire pire que ça !

Oy je vais vivre la misère, et selon papa, ce ne sera que justice !

 

Mais alors que j’ai abandonné tout espoir de changement de comportement de mon petit chéri qui ne veut plus que je l’appelle comme ça, pas plus tard qu’hier soir, il se pointe devant moi, et me demande de le mettre au lit :

– Ah bon ? Je croyais qu’un fifth grader (CM2) allait au lit tout seul…

– Pas ce soir maman.

– J’arrive !

 

Je l’accompagne, il se glisse sous la couette, que je remets bien, et il me prend la main. Je me rends compte qu’elle a bien grandi depuis le temps où je la lui tenais des heures entières, jusqu’à ce qu’il s’endorme (où je pouvais mourir d’ennui). Je lui souhaite bonne nuit, et me lève, mais je sens sa main me retenir, et dans un murmure de fatigue, il me dit :

– Reste un peu avec moi, ce soir… comme avant, maman, comme avant…

 

Et c’est sur ces paroles, que j’entends la respiration de mon fils m’indiquer qu’il s’est endormi presque instantanément. Je reste encore un moment pour l’observer, car au fond de moi, je suis rassurée, j’ai encore un peu de temps, même si je ne sais pas pour combien de temps il aura encore besoin de ma main dans la sienne.

 

Alors, chers parents, soyons forts et serrons-nous les coudes pour affronter cette période tant redoutée qu’est « l’adolescence ». Rappelez-vous que dans les moments difficiles dus à cette étape, une partie de nous, verra toujours à travers nos enfants qui grandissent, ce petit baby que nous avons bordé tant de nuits. Courage moussaillons, ça va vite passer !

 

Bisous mes chéris. À mercredi.

 

PS : N’empêche que ce serait marrant si un jour je vous écris le top five des pires coups que j’ai fait à mes parents pendant mon ado.

 

PS 2 : Pour vérifier que l’os n’est pas cassé comme ma mère me l’a appris :

Il vous faut un enfant ou un adulte qui vient de se faire mal. Une fois que vous en avez un sous la main, demandez-lui l’endroit où il a mal. Touchez délicatement cet endroit. J’insiste sur le délicatement, qui est très important pour cette phase de l’opération, comme lors d’une mousse au chocolat lorsqu’il faut incorporer les blancs en neige avec une cuillère en bois et non avec une vulgaire cuillère qui peut nous les bousiller !

Si à l’effleurement du bobo, le patient hurle de douleur, c’est branle-bas de combat, c’est sûrement cassé. Il faut appeler le 911. Si le sujet ne hurle pas et prononce un simple : Aïe ! Ça roule, mais il va falloir quelques jours de repos.

Si le sujet sourit, se relève, marche sans boiter…c’est qu’il voulait simplement que vous veniez le chercher plus tôt !

 

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junesdavis.com. Rubrique : l’Exode ou La Genèse.

Au secours j’ai un pré-ado à la maison, sortez-moi de là !
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