Junes, la Yoga girl et petits tracas.

C’était un matin comme un autre sauf que… je me réveille toute bloquée du dos. C’est quoi cette affaire? Je me rends vite compte que je ne peux pas me brosser les dents sans pousser des hurlements. 

Bizarre, d’habitude, le mal de dos ne s’invite pas sans prévenir. Il se présente, envoie des mails remplis de picotements à la nuque. Il envoie un SMS aux lombaires, puis des whatsapp aux cervicales, mais en aucun cas, direct il te fonce dans le tas et te fait souffrir comme maintenant ! Le mieux, c’est de l’ignorer pour le moment, et d’essayer tant bien que mal (c’est le cas de l’écrire !) d’emmener mes enfants à l’école. 

Plus facile à dire qu’à faire, car rien que pour habiller les petits, c’est la mission popu. Entre les Aïe, les Oy et les Ouille, j’ai mon mari qui n’arrête pas me dire en boucle d’aller voir un ostéo/practéo/physio, en gros, toutes les professions qui se terminent en O, et au bout de la dixième fois, j’abdique, et je lui dis : 

– OK, OK, pas la peine de me le dire cent fois, j’ai compris ! 

– Je te connais, Junes, tu vas encore laisser trainer, et te trainer de partout. 

– Non, non, promis, je dépose tout le monde à son poste écolier, et je vais voir le docteur. Rassuré ? 

– Oui, mais tu t’en occupes, vraiment ! 

C’est vrai que beaucoup de conjoints ne supportent pas de voir leur femme pas en forme. Apparemment, c’est interdit dans la constitution de la vie à deux ! 

Donc, une fois ma première mission du jour accomplie, et malgré mon mal, je décide de me prendre un petit remontant dans mon Starbucks (genre, je suis proprio !). Sur le chemin du Star’, je tombe sur Haddie, american-mom, blonde californienne au courbes parfaites. Elle fait partie de ces femmes qui, par moins trois degrés, portent des Nike aux pieds ultra tendance, assorties à leur tapis de yoga, placé en évidence dans leur sac de sport qui ne les quitte jamais. Je la connais bien, parce que c’est la mère d’un copain de mon fils. Elle me fait une bise (attention, pas deux, comme à la française !), me demande où je vais, et propose de m’accompagner, car sa présentation vitrine n’est que dans quinze minutes. 

– Ta quoi ? 

– Ma présentation vitrine. Je suis sûre que tu as déjà vu des gens faire des démos de yoga en vitrine, dans les magasins de sport.

– Bien sûr ! On en voit partout dans Manhattan. Au début, ça m’avait choquée, mais maintenant, j’aime bien regarder les mouvements. 

– Exactement. Ça incite les clients à rentrer dans la boutique. C’est moi qui m’y colle ce matin, en plus des cours de Yoga que je donne cinq fois par semaine. 

– Ah super. (Sa race, j’ai trop mal !) 

Lorsque je pousse la porte du café, Haddie remarque que je grimace de douleur. Je lui explique que question dos, ça va pas fort ! Elle me conseille de m’inscrire à son cours, alors je lui explique : 

– No offense, j’ai essayé une fois, mais entre la vue sur des popotins, et une odeur forte de pieds avec laquelle je suis ressortie, franchement, j’ai pas kiffé ! 

– Tu as du suivre un cours de Bikram Yoga, qui n’a rien à voir avec ce que je fais. Moi, je te parle de mouvements qui te détendent de l’intérieur, et qui te redessinent le corps de l’extérieur. Vas y, touche comment je suis ferme du cuissot. 

Oh God ! Il est 8h10, meuf, j’ai mal à en crever, et j’ai pas envie de toucher ta cuisse, OK ? Je veux prendre mon café, filer chez le docteur, et me shooter aux antidouleurs, tu peux le comprendre copine ? Non, je crois pas qu’elle comprendrait, car en vrai, j’ai préféré lui dire : 

– Waouh you look amazing ! / Waouh c’est trop génial ! 

Là voilà toute contente de mes paroles, ce qui a dû la motiver à me sortir de son sac une sorte de jus vert à l’aspect visqueux, qui te donne envie de vomir, rien qu’en le voyant. Je n’ose même pas demander ce qu’il y a dedans, mais pas de panique, on va bientôt le savoir, puisque Haddie est en mode Pub pour le bio, et va tout nous expliquer : 

– Tu sais, Junes, tu ne devrais pas prendre toutes ces cochonneries, ce n’est pas bon pour ton body. Tu devrais faire comme moi, et te préparer des smoothies. Regarde, j’ai mixé des brocolis, de la salade verte, des épinards, du céleri. Cela te permet d’éliminer le gras et la cellulite ! 

J’ai l’impression d’être en plein enregistrement d’une émission avec l’une des mannequins du téléachat ! Tu sais, celle qui est en toute petite tenue, et qui te montre les abdos en béton qu’elle s’est sculptée en six semaines seulement ! Nous sommes interrompus par ma serveuse préférée qui me demande : 

– Comme d’hab’ Junes ? 

– Yes, mais tu me mets une double dose de crème chantilly steuplait, j’en ai besoin là !  

C’est bon, Haddie a failli tomber dans les pommes juste après que j’ai prononcé le mot double, mais l’américain n’aime pas se sentir vaincu, alors pendant que nous attendons mon cappu, Yoga girl décide d’un coup de sortir son tapis de yoga, et de l’installer à même le sol du Starbucks. 

Toute étonnée (et très gênée), je la questionne sur ce qu’elle fabrique, et elle me sort : 

– Je veux absolument te montrer les poses qui pourront te soulager le dos.

– Ah non non, je t’assure, c’est bon, regarde, je vais déjà mieux… mais… trop tard. 

La voilà qui s’étire comme pourrait le faire Gigi Hadid sur ses vidéos Instagram. Tous les clients ont les yeux rivés sur elle, et se marrent, ce qui est méga rare à New York, et particulièrement à Manhattan, car tu peux te promener avec une culotte sur la tête, tout le monde s’en fout. De honte, je la supplie de se relever : 

– Mais enfin, Junes, j’essaye juste de t’aider. 

– C’est trop gentil, j’ai compris, mais relève-toi, je suis connue ici ! 

Ce n’est qu’après cinq poses totalement hallucinantes, qu’elle consent à se lever pour me faire un « hug » en me disant le traditionnel : 

– Take care / Prends soin de toi. See you soon ! 

Je lui dis merci, prends ma boisson et sors enfin ! Sur le chemin, je décide d’appeler ma best friend forever Cohava, pour lui raconter ce qui vient de m’arriver. Coco est thérapeute de métier, qui guérit les maux par les mots. J’adore la nommer la guérisseuse de l’âme, mais ça fait un peu voyante, alors que ça n’a rien à voir ! Je lui raconte direct l’histoire avec Haddie, et elle commence à faire son enquête sur l’origine de mon mal de dos : 

– Donc tu t’es réveillée, et ça t’est venu d’un coup. 

– D’un coup, comme si j’avais une grosse pierre installée sur ma colonne vertébrale. 

– Mais sinon, tout va bien à la maison ? 

– Oui, oui, ça roule, ma poule, sauf qu’en ce moment, avec mon fils, le dialogue est moins fluide qu’avant. Pas plus tard que ce matin, j’ai dû lui dire 450 fois de mettre ses chaussures, mais ça doit être comme ça chez tout le monde, c’est rien, ça ! Ah oui, j’ai mon mari qui a un meeting super important today, mais je suis sûre que ça va aller. Ensuite, je dois préparer des costumes pour Hanoucka pour mes filles, d’ailleurs, fifille 1 a une otite, et on a pas dormi deux nuits d’affilée tellement elle avait mal, mais c’est rien, avec des antibios, ça va vite passer. Sinon, hier, j’ai reçu un message de quelqu’un qui m’a demandé une info, et qui m’a super mal répondu, c’est pas de sa faute, la personne devait être mal poilée. C’est trois fois rien ! Après, je me suis pris une sale réflexion de la dirlo de l’école, comme quoi faut arriver avant 8h00 ! Et au comble de mon bonheur, je me suis frittée avec une dame dans la rue, parce qu’elle me reprochait de prendre trop de place sur le trottoir (???), mais c’est rien en fait, et puis dès que j’ai fini le doc, j’ai encore dix mille choses, entre le ménage, le linge, préparer à manger, passer à la poste et compagnie, tu vois, rien de grave, ça va super bien ! 

– Et c’est tout ? 

– Oui, c’est tout. Ce que je viens de te dire, je ne considère ça en aucun cas comme des soucis, comparé à d’autres vies, c’est que du bonheur. Je n’ai pas le droit de me plaindre. 

– Mais tu ne te plains pas ! Tu sais, il y a des fois où c’est beaucoup à supporter pour une seule personne ! 

– Allons bon, on n’est pas des mauviettes ! Toutes les femmes du monde ont des quotidiens ultra chargés. Pense à celles qui ont en plus un boulot, avec la pression d’un boss, ou d’une collègue/connasse à affronter tous les jours, c’est rien, ce que je vis. Rien ! 

– Tu as le droit de dire que c’est dur parfois. 

– Ça va pas ou quoi ? Si moi j’admets que le rythme est prenant, que reste-t-il aux personnes qui ont des vrais soucis de couple, d’argent, de santé, moi, c’est pourri à côté ! 

– Non c’est pas pourri, car c’est ta vie ! Répète après moi : ça va pas, c’est trop, mais je vais aller mieux ! 

– Non ! 

– Dis-le !  

– Certainement pas ! 

– Dis-le ! 

– Mais arrête, c’est ridicule, tout va bien ! 

– ADMETS-LE, ou je prends un avion, et te force à le dire ! 

Je prends une grande respiration, et je lui dis les mots qu’elle veut entendre (pour mon bien) : 

– OK Coco, il m’arrive d’être stressée, angoissée pour mon mari, mes enfants, ma famille, les autres, mon blog, mon prochain livre. J’ai l’impression de ne jamais être à la hauteur. Parfois, je pense que je n’arriverai jamais à tout faire, et c’est DUR ! VOILÀ, C’EST SORTI ! Et… d’un coup, comme par magie… j’entend, un gros blong dans mon dos ! 

– Oh mon D. ! 

– Junes qu’est-ce qui se passe ? 

– Attends, c’est chelou Co, j’ai plus mal. Attends, c’est pas possible, je peux pas le croire…

– Qu’est-ce que je t’avais dit : il ne faut pas attendre qu’il arrive des choses graves ou des malheurs, pour dire que de temps en temps, ce n’est pas facile. On a tous le droit de souffler dans nos journées, en parlant à une amie, sa mère (note de J.D.: ça dépend des mères !), à une sœur, à un frère, à son mari (re-note de J.D.: ça dépend aussi du mari, n’oubliez jamais que dans le mariage, tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous !), et ça repart, alors arrête de dire toujours que c’est rien, car c’est ta vie ! 

– Pas faux ma chérie, pas faux…

Alors mes amies, l’info vient de tomber, il est permis d’admettre que nous portons trop sur nos épaules (et notre dos) le poids de nos responsabilités. Rien n’est évident : élever ses enfants, être en paix avec son mari, sa famille, sa belle-famille, les amis, les relations extérieures. Essayer d’être la plus polie possible, gentille, respectueuse, posée, calme, en toutes circonstances, n’a rien de facile. Il est évident que nous ne sommes pas des pleureuses pisseuses, mais plutôt des gladiatrices, alors prenons ce droit de vider notre sac de temps en temps. Nous avons le droit de hurler un bon coup dans notre chambre ou de chanter comme des folles devant notre miroir, de se lâcher complètement, car ça fait du bien, et on en a besoin !  Pour ne pas attendre que votre corps vous dise stop, ma boite mail Junesdavis55@gmail.com est à votre disposition, pour partager vos tracas ! 

Une Junes Davis qui aimerait prendre tous les soucis du monde sur ses épaules, mais vu la taille, ça va pas le faire, alors autant juste en papoter. Je vous embrasse fort fort. Bon lundi ! 

 PS : Pour contacter ma Best Friend Forever Myriam Ben alias Cohava, demandez moi son numéro en mp

ainsi que son blog : http://bien-etre-pour-tous.com

Junes, la Yoga girl et petits tracas.
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